14 juillet 2003, Nîmes, Arènes
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Libération
Radiohead, les rois de l’arène
Concert ardent de la dream team d’Oxford lundi à Nîmes.
Par Gilles RENAULT
L’enceinte circulaire n’a plus une place à offrir lorsque le groupe arrive pour conforter un public, partagé entre allégresse et piété, dans l’idée qu’il va léviter. Thom Yorke à Nîmes le lundi 14 juillet 2003. © ERIC FRANCESCHI. VU envoyé spécial à Nîmes a majesté des lieux se suffisant presque à elle-même, Radiohead n’a pas eu à épaissir le trait pour donner, lundi soir dans les arènes de Nîmes, un concert qui devait s’inscrire parmi les moments les plus ardents de l’année. Une apparition d’autant plus rare déjà , que, mouchant les conventions commerciales, la formation de Thom Yorke ne donnait que deux concerts en France (Belfort, le 3 juillet, avant l’apogée gardois) pour décliner la sortie printanière de son sixième album, Hail to the [the thief->http://www.radiohead.fr/the-thief]. Esquive. La dream team d’Oxford, en service depuis plus d’une décennie, a vite manifesté ce souci de singularité qui, hormis son talent intrinsèque, est devenu au fil des ans comme un sceau. Sur disque, c’est d’abord le succès qui « menace » : une chanson, [creep->http://www.radiohead.fr/Creep], promue hymne flippé des campus, un album, OK Computer, qui entérine l’engouement, et Radiohead  à l’instar de The Cure ou REM autrefois  se retrouve accidentellement coqueluche planétaire avec, en corollaire, un statut qui procure aux artistes plus d’angoisse que de béatitude. Pour y remédier, Radiohead adopte, d’une manière presque touchante, une tactique fondée sur l’esquive. C’est une partie de cache-cache avec les médias anglais (à cran) et un repli domestique qui prévalent lorsque le groupe sort, au tournant du millénaire, une paire d’albums anticommerciaux à souhait, kid a (2000) et Amnesiac (2001), diptyque émérite qui cocufie les guitares pour naviguer dans les eaux troubles d’une pop expérimentale aux inflexions électroniques. Sur scène aussi, Radiohead a pris l’habitude de ne pas s’en laisser compter. Plutôt que de suivre le parcours fléché  bien qu’on les annonce en novembre à Bercy Â, Thom Yorke, Ed O’Brien et consorts préfèrent depuis un certain temps se compliquer la vie. Pour leur précédente tournée, ils avaient carrément décidé d’affréter leur propre structure, chapiteau bleu nuit, vierge de tout affichage publicitaire, trimballé de ville en ville, au gré des topographies  c’est ainsi que le concert « parisien » échouera dans un terrain vague de Saint-Denis. Accessoirement, cette « lubie » engloutit une grosse liasse de livres sterling, vu les coûts engagés ! 12 000 communiants. Toujours au registre itinéraire bis, Radiohead donna, voici trois ans, de mémorables concerts estivaux (orages et aléas techniques compris) dans divers hauts lieux historiques, tels les théâtres antiques d’Arles et de Vaison-la-Romaine, et les arènes de Fréjus. Mais une pierre manquait manifestement à l’édifice : les arènes de Nîmes. Lundi après-midi, ils sont ainsi légion qui, venus des quatre coins de France, font le siège du robuste édifice sous le cagnard. L’enceinte circulaire n’a plus une place à offrir  le concert est archicomplet : 12 000 communiants  lorsque le groupe arrive, peu avant 22 h 30, pour conforter un public partagé entre allégresse et piété dans l’idée qu’il va léviter. Deux heures et vingt-quatre morceaux plus loin, le contrat est effectivement rempli. Avec dix nouvelles chansons et un peu plus d’anciennes, bien qu’encore récentes (Idiotheque, [national anthem->http://www.radiohead.fr/The-National-Anthem], [no surprises->http://www.radiohead.fr/No-surprises], [everything in its Right Place->http://www.radiohead.fr/Everything-In-Its-Right-Place]…), Radiohead confirme sa pole position. Bourrasques rock. Tour à tour vulnérable et dominateur, introverti et endiablé, Thom Yorke se sait à la tête d’une escouade dont la cohésion paraît souvent indéfectible. Que les musiciens déchaînent des bourrasques rock ([2+2=5->http://www.radiohead.fr/2-2-5], [my iron lung->http://www.radiohead.fr/My-Iron-Lung]) ou qu’ils s’abstraient des contingences pop pour sillonner des contrées plus chimériques (Talkshow Host, [backdrifts->http://www.radiohead.fr/Backdrifts]), c’est bien la dextérité qui prévaut au sein d’un groupe dont la prépondérance ne semble pas prête de se démentir.
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