Jonny Greenwood: le MP3, ça lui va!
The New Yorker du 2 septembre publie, dans une série d’articles sur les mérites comparés des différents formats de distribution de musique, l’avis, frappé au coin du bon sens et de l’anti-élitisme, de Jonny Greenwood. Mais cela en surprendra peut-être plus d’un!
Q: vous trouvez que le MP3 est un moyen satisfaisant?
Jonny: moi ça me va. Sur certains enregistrements, ça peut même apporter un peu de craquant. Pendant l’enregistrement de notre dernier album, on écoutait beaucoup de hip-hop des années 90 en MP3 via AirTunes et ça sonnait bien même avec cette technologie-là . Bien sûr on ne peut pas comparer MP3 et version CD d’un quatuor à cordes par exemple, mais bon c’est vraiment pas le but des versions MP3.
Q: qu’est-ce que vos fans pensent de la qualité audio?
J: il y en a quelques-uns qui se sont plaints que le MP3 de notre dernier album ait été encodé à un niveau trop bas. Certains ont suggéré qu’on utilise plutôt du FLAC, mais si vous savez ce que c’est et que vous avez une opinion tranchée là -dessus, c’est que vous êtes déjà engagé dans le monde de la haute-fidélité et que vous avez probablement dépensé bien trop d’argent dans l’achat de votre matériel audio.
Q: vous pensez que les gens de la génération MP3 (de 10 à 25 ans) souhaitent avoir une expérience de meilleure qualité?
J: non, ça vient plus tard. Ce sont les hommes qui ont plus de trente ans qui hantent les boutiques de hi-fi en discutant de la pureté du signal, des cables oxigen-free et de FLAC. Je connais ça, j’ai été pas loin d’être comme eux.
Q: qu’est-ce que vous pensez des différents formats audio?
J: la qualité sonore est importante. Je me sentirais frustré si je ne pouvais plus enregistrer de CD avec le groupe, mais après ça demande juste un peu de rabotage pour que ça convienne pour le MP3. C’est comme quand on critique les cassettes. J’étais content d’écouter des cassettes quand j’avais 15 ans, mais je suis sûr que les audiophiles ricanaient à époque. Si je prends le train, avec un casque, les MP3 c’est bien. A la maison, je préfère le Cd ou le vinyle, en partie parce qu’ils sonnent un peu mieux dans une pièce silencieuse et aussi parce qu’ils ont une durée définie et se présentent comme des entités séparées, au contraire de ces jours et de ces jours infinis de musique qu’il y a sur mon ordinateur.
Q: est-ce que vous avez changé vos méthodes d’enregistrement puisque vous savez que le résultat sera vraisemblablement écouté en MP3?
J: non, mais c’était intéressant de voir que certains morceaux supportent mieux la conversion que d’autres. Mais ce n’était jamais mauvais.
Q: quels sont les avantages et les inconvénients de cette époque du MP3 pour vous?
J: ce qui n’est pas bien c’est que cela encourage les gens à posséder bien plus de musique qu’ils ne peuvent vraiment bien en écouter. Les gens ont tous les disques de Miles Davis mais ils ne vont jamais avoir l’idée d’en écouter un deux fois de suite, ils ont tellement de choses à entendre. Vous vous dites, “j’ai Sketches of Spain et Bitches Brew, je vais me passer ça pendant que je finis d’écrire ce mail”. Cette abondance peut faire de n’importe quelle musique une musique d’ambiance, une décoration.
Je trouve cette histoire de qualité sonore à la fois fascinante et ridicule. C’est comme la résolution des appareils photo numériques: avoir un plus grand nombre de pixels, c’est mieux, mais ce type de discussion fait qu’on oublie la photographie elle-même en quelque sorte.
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