the devil’s way: Live Nation
On avait déjà trouvé surprenant, lors de la tournée de 2008, de voir Radiohead signer un contrat avec Live Nation, le méga-organisateur de concerts qui possède une multitude de salles dans le monde, en particulier aux Etats-Unis. C’était Live Nation par exemple qui avait organisé le festival d’Arras (au grand dam des élus locaux scandalisés de voir verser des subventions publiques à un tel mastodonte). Après l’accident de samedi, certains commencent à rappeler que c’est la 3e fois depuis 2009 que de telles catastrophes ont lieu dans des concerts organisés par Live Nation. Le plus terrible, c’est celui qui a provoqué l’été dernier la mort de 7 personnes pendant que 40 autres étaient blessées, dans l’Indianapolis, lorsqu’une violente tornade a abattu la scène juste avant un concert de Sugarland, un duo country. Le groupe vient d’ailleurs d’être accusé de négligence alors qu’il avait lui aussi renvoyé la responsabilité sur l’organisateur du festival.
Plusieurs fans américains s’étaient plaints des mauvaises conditions d’accès aux concerts : prix exorbitant du parking et de la restauration, accueil minimaliste comme le rappelle l’article du journaliste de Chicago ci-dessous . La compagnie a pu mettre dans son escarcelle de nombreux grands groupes (U2, Neil Young, Madonna,etc) en pratiquant une politique avantageuse : 100% du prix des billets iraient aux artistes, les bénéfices de Live Nation se faisant sur l’accès aux concerts et la gestion de la vente des billets (Ticketmaster). Mais en fait la compagnie est très endettée, les actionnaires ont failli ne pas réélire le pdg, et la consigne est de chercher à faire des économies sur la main-d’oeuvre et le confort des spectateurs.
Pour le concert de Toronto, il semblerait (l’enquête ne fait que commencer) que Live Nation, qui devait organiser dans les jours suivants des concerts plus modestes sur le même lieu, ait essayé d’utiliser des structures plus légères qui puissent être réutilisées sans avoir à payer une structure supplémentaire pour Radiohead. Il y aurait eu conflit à ce sujet entre Live Nation et le groupe, qui avait exigé que l’équipement prévu au départ soit bien assuré. L’enquête dira exactement ce qui s’est passé ensuite.
Quoi qu’il en soit, si Radiohead s’est donné au diable…cela remet en cause l’économie de ces concerts spectaculaires : ne peuvent-ils pas être économiquement viables sans prise de risques avec la sécurité ? Les motivations de Live Nation et des groupes sont-elles compatibles ? Pourquoi un groupe connu pour être « anti-corporate » ne peut-il pas échapper à Live Nation en 2012 (mais Pearl Jam a également perdu sa bataille contre Ticketmaster, ainsi que Springsteen récemment) ?
Si vous avez d’autres informations sur Live Nation, n’hésitez pas à les partager. C’est un sujet qui touche à l’économie de la culture en général : jusqu’où ne faut-il pas aller trop loin pour pourvoir le public en spectacles….Comme disait le Gladiator : « Are you entertained ? »
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