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Anyone can play guitar: le film

Le film réalisé par Jon Spira, un local, et consacré à la scène rock oxonienne de 1984 à 2007, bien qu’il ait reçu des critiques élogieuses dans le NME, n’a pas trouvé de distributeur : après une projection publique suivie d’un débat (auquel participait Ed O’Brien) le 5 novembre dernier, le film est désormais disponible uniquement sur le site du réalisateur.



http://www.acpgthemovie.com/


Un petit extrait :



[Anyone Can Play Guitar Trailer->http://vimeo.com/15186178] from on [Vimeo->http://vimeo.com].


Et un message spécial pour les fans de Radiohead :


http://www.acpgthemovie.com/uncateg…


Ce film est une mine pour qui s’intéresse à la sociologie de la musique : Spira s’est donné pour tâche de raviver les souvenirs de tous ceux qui ont contribué à créer, entre le milieu des années 80 et le début des années 90, un climat musical propice à l’éclosion de nombreux groupes, parmi lesquels bien sûr Radiohead, Supergrass, Ride et, plus récemment, Foals.


En effet, si Manchester, Bristol ou Sheffield ont une histoire musicale bien connue, Oxford, c’est plutôt Le Havre ou Clermont-Ferrand : des groupes locaux à foison, très peu de lieux pour les concerts ou les studios, et des gloires locales atypiques. Beaucoup moins bourgeoise que Cambridge (patrie des Pink Floyd), c’est une ville assez triste, renfermée sur elle-même, avec pas mal de problèmes sociaux. Mais la musique y est justement, comme dans beaucoup de petites villes, à la fois un refuge et une bouffée d’oxygène.


Sans aucune volonté hagiographique, Spira donne la parole à tous les acteurs de cette scène musicale provinciale et il en ressort un sentiment à la fois nostalgique et un peu mitigé : beaucoup d’appelés et peu d’élus parmi ces groupes, dont les membres ont vivoté sur place ou sont partis ailleurs sans beaucoup de réussites au compteur.


Ed O’Brien et Colin Greenwood font partie des témoins-acteurs ainsi que Chris Hufford, leur manager et ami.



On y apprend des détails intéressants sur les tout débuts du groupe (voir les photos issues de l’époque où ils étaient tous ensemble à l’école à Abingdon) : Nigel Powell est celui qui exprime le plus de regrets et même un peu de rancoeur à l’égard de cette époque. Lui-même élève à Abingdon, c’est un batteur qui a fait partie de Unbelievable Truth, le groupe où chantait Andy Yorke et qui était promis à une belle carrière…sauf que l’ombre portée par Radiohead lui a été funeste. A force d’être toujours présenté comme le « groupe du frère de Radiohead Â», on sent qu’ils ont sombré dans les échecs (la maison de disque les a lâchés pour leur 2e album) et les conflits. Le plus pathétique : Nigel Powell a fait la première tournée américaine de Radiohead en tant qu’ingé lumière, alors qu’il était reconnu comme le meilleur batteur d’Oxford, et Ed raconte qu’il attendait chaque soir que Phil Selway ait un empêchement pour qu’il puisse enfin le remplacer…« Ã§a a créé une dynamique intéressante Â» dit Ed en riant…Il semble qu’ils soient tout de même restés amis.


Ed, lui, a travaillé un temps pour le groupe phare d’Oxford : the Candy Skins. Et ceux-là ont essuyé les plâtres mais ont disparu faute d’avoir été là au bon moment : Nick Cope et son frère avaient de vraies allures de rockstar (les filles se pâmaient quand elles les rencontraient dans le bus), genre sosie de Noel Gallagher en mieux, et leur groupe a été le premier à faire une tournée aux Etats-Unis. Là, ils ont réussi à entrer dans le circuit des radios universitaires…mais c’était juste au moment où Nevermind sortait…et à partir de là, le groupe recherché, c’était celui qui pourrait être le Nirvana anglais…et ce fut la sortie de « Creep Â», septembre 1991 et Radiohead entra dans le circuit des radios universitaires : Nick Cope est encore un peu tendu quand il explique que leur succès à eux est descendu en flèche pendant que celui de Radiohead montait dans l’autre sens…Question de timing.


Le film montre également l’importance des rencontres avec les managers, les propriétaires de clubs (le fondateur du Jericho Tavern était un amoureux de la musique très original), le journaliste local qui a créé « Curfew Â», le seul journal musical provincial, et puis plein de types qui ont acheté le matériel, mis à la disposition des jeunes des studios d’enregistrement, organisé des soirées avec des agents des maisons de disques de Londres. C’est dans la chambre de Nigel Powell encore lui qu’ont été enregistrées certaines démos de On a Friday.



On aimerait que Spira aille plus loin dans ce sens : il règne dans le film une sorte de consensus mou selon lequel tout le monde avait du talent, mais il y en a qui ont plus de chance que d’autres. Cette théorie est un peu courte : on devine qu’il y a eu des groupes plus intelligents que les autres, qui ont choisi leurs membres avec plus de circonspection (impasse presque totale sur les excès, les groupes minés par la drogue, le manque de sérieux de certains). Les propos sont assez libres mais malgré tout un peu figés dans cette image attendrissante et mélancolique.



Spira dit n’avoir pas demandé à Thom Yorke de participer mais avoir choisi sciemment Ed 0’Brien qui était très impliqué dans la vie musicale de cette époque : soit, mais on sait qu’Ed a dans le groupe ce rôle médiatique, très cool, garant d’une certaine image un peu lisse.



Il est fait mention aussi du concert que Radiohead a organisé à Oxford en 2001 pour mettre en valeur tous les groupes locaux qui, pour la première fois pour la plupart, ont pu ainsi jouer devant 25000 personnes. Y a-t-il eu contrôle de la part du management de Radiohead sur ce qu’on disait d’eux dans le film ? Après coup il est facile de penser qu’ils formaient tous une grande famille:la réalité était sans doute plus compétitive. Ed raconte qu’ils avaient invité au concert où ils devaient signer avec un label des tas d’officiels des maisons de disque de Londres : après la rencontre avec Chris Hufford, il n’y a plus eu grand-chose de laissé au hasard. Nigel Powell dit que Thom Yorke a été très embêté par les démos d’Unbelievable Truth, qui étaient très bonnes : y a-t-il eu rivalité entre les deux frères ? Y a-t-il eu une stratégie dans le recrutement des membres telle que la considération de la synergie au sein du groupe ait été plus importante que la qualité musicale intrinsèque de chacun des membres ? Ce sont des choses qui ne se disent pas…ou alors par quelqu’un de parfaitement indépendant, et on ne sait pas si c’est le cas de Spira qui a financé son film grâce à des dons (de qui ? des fans ou des groupes eux-mêmes ?). Or la réussité d’un groupe, ce n’est pas que la qualité des chansons (l’énergie d’On a Friday ne laisse pas présager que ce groupe deviendra capable d’expérimenter autant que l’a fait bien plus tard Radiohead, qu’on réécoute pour s’en convraincre ces fameuses démos qui ressurgissent actuellement).


Cela dit tous ces groupes affichent la même philosophie : avoir du succès pour être riche et célèbre, c’est pas du tout ça qui se joue quand on aime la musique. Le but, c’est la musique elle-même : ils ont tous passionnément aimé faire de la musique et en général ils restent aussi sûrs d’eux sur ce point, même s’ils ont délaissé la guitare pour s’occuper, plus prosaïquement, d’un label ou d’une salle de concert. Le titre est donc bien tenu : tout le monde peut en effet jouer de la guitare, pour être réellement écouté, apprécié et pour en vivre, voire en vivre bien, c’est une autre histoire…


Bonnes fêtes à tous et à l’année prochaine (commencez tôt votre régime pour être en forme en juillet !)

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Anyone can play guitar: le film

Il y a quelque temps on vous avait parlé d’un documentaire sur la scène musicale d’Oxford, réalisé par Jon Spira et dont la sortie dépendait de la générosité des donateurs : en gros, vous pouvez acheter à l’avance le film en contribuant à sa sortie. Vous avez encore quinze jours :

[http://www.acpgthemovie.com/# !__page-1->http://www.acpgthemovie.com/#!__page-1] 

Ed et Colin contribueront eux aussi à la promo du film qui parle des débuts d’On A Friday, de leurs relations avec d’autres groupes d’Oxford comme the Candysticks et Unbelievable Truth (le groupe du frère de Thom), en participant à une émission de radio sur BBC 6, le 13 avril :

[http://i.imgur.com/PwTbu.jpg->http://i.imgur.com/PwTbu.jpg] 

Ils parleront peut-être aussi du 45T qui sortira pour le Record Store Day? Ou bien ils ont complètement oublié qu’un groupe appelé Radiohead avait sorti un album en février…

Tout ça ne fait pas notre affaire: entre Phil qui fait des concerts dans l’Oxfordshire et Ed et Colin qui nous la jouent “nos jeunes années à Oxford”, il semble qu’ils soient décidés à rester bien planqués sur leur île…Faut peut-être leur filer des billets d’Eurostar pendant qu’on y est?

Les quelques mots de Phil sur son site pour annoncer ses prochains concerts suggèrent que ce silence radio fait partie du Plan…

“Just emerged from a couple of months in the radiohead lair, hence the radio silence recently.”
 

 

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