Cercle Vicieux
L’histoire de Radiohead s’est longtemps résumée à une unique chanson. Grâce à son refrain aussi simplet que mémorable («I’m a creep, I’m a weirdo»), Creep a séduit des milliers de Nord-Américains. D’aucuns perçurent la voix geignarde du chanteur Thom Yorke et le fracas de guitare électrique qui coupait en deux son discours misérabiliste comme l’expression profonde du malaise de toute une génération. Il ne fallut que quelques semaines de matraquage intensif pour que cet hymne à l’autodérision , sorte de pendant sérieux et affecté de l’ironique «I’m a loser baby » de Beck devienne la marque de commerce indélébile du quintette d’Oxford, pour le meilleur et pour le pire.
«Cette chanson nous a complètement accaparés pendant des mois, remarque Colin Greenwood, le bassiste du groupe. On était pris dans un cercle vicieux: le succès qu’obtenait Creep nous faisait connaître, le fait d’être connus nous permettait d’organiser des tournées, plus on tournait, et plus on faisait connaître la chanson, et ainsi de suite. Evidemment, on s’est retrouvés avec moins de temps pour écrire d’autres chansons, ce qui fait qu’on continuait à pousser Creep…»
«A bien y penser, on aurait très bien pu continuer à tourner à travers le monde une autre année durant, grâce au seul succès de Creep, poursuit le guitariste Ed O’Brien, mais on n’en pouvait plus d’être considérés comme un one-hit wonder.»
«L’enregistrement de The Bends s’est éhelonné sur un an, et on trouvait simplement qu’il y avait un trop grand écart entre nos deux albums. Alors, on a voulu sortir My Iron Lung pour prouver au monde qu’on était encore là , qu’on n’était pas devenus des ermites», explique O’Brien.
«On n’a pas choisi John pour ses réalisations récentes, mais plutôt pour le travail qu’il a fait pendant les années 80, précise Colin. Et puis, c’est pas un type compliqué; c’est pas quelqu’un qui essaie de remodeler un groupe à son image, il se contente de capturer le son du groupe sans chercher à le diriger.»
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