Il ressemble à quoi le nouveau Radiohead ?
Par Julien Bordier, publié le 19/02/2011 à 19:18
Le groupe d’Oxford a mis en ligne son huitième album studio. The Kings of Limbs investit de nouveaux territoires sonores.
Le huitième album de Radiohead est disponible au format digital à un prix cette fois fixé par le groupe (7€ pour la version MP3, 11€ pour la version WAV, de meilleure qualité), en attendant une sortie physique et une luxueuse version prévues, respectivement, le 28 mars et le 9 mai.
On ne s’étendra pas ici sur la stratégie commerciale de la bande à Thom Yorke, qui abandonne la formule du « payez ce que vous voulez », mais sur les huit titres qui composent ce King Of Limbs, dont on ne sait quasiment rien du mode opératoire. Tout juste a-t-on appris que le titre faisait référence à un chêne réputé millénaire de la forêt de Savernake dans le sud-ouest de l’Angleterre, près de l’endroit où le quintette avait enregistré son précédent album, In Rainbows.
Ce Roi des Limbes règne sur une contrée réservée à l’expérimentation mais encore accessible aux simples mortels. On y croise des créatures belles et étranges, des formes libres dont les contours et les couleurs se modifient en permanence. Boucles épileptiques, rythmiques heurtées, sons déformés par ordinateur, voix éthérée dominent cet octogone musical aux ambiances captivantes mais aux mélodies difficilement mémorisables – on ne chantera pas les refrains de King Of Limbs sous la douche.
Surtout, ce huitième album du groupe d’Oxford est sans doute le plus influencé par la world music. La majestueuse plage d’ouverture, Bloom, offre un ticket dans l’espace à la transe touareg de Tinariwen, (dont Thom Yorke est un grand admirateur). Morning Mr Magpie et Feral, aux accents dubstep, emboîtent le pas dans cette danse, suivis par Little by Little, ses échantillons de sitar et ses percussions venues d’ailleurs. Il est bien difficile de reconnaître les instruments utilisés sur ces premiers titres – s’agit-il d’une kora dans l’introduction de Bloom ou d’un programme électronique ? Après avoir brouillé les pistes, Radiohead met le cap sur des compositions de facture plus classique, récitant parfaitement la grammaire musicale dont il a écrit lui-même le Bescherelle : le sinusoïdal Lotus Flower, le piano sombre de Codex, le charme pastoral de Give Up The Ghost, l’apaisant Separator. Un regret: The Kings of Limbs dure seulement 37 minutes et 40 secondes. Le temps d’un songe.
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