Interview sur Sky Arts
Les Anglais qui sont abonnés à Sky Arts ont pu visionner une interview d’une petite heure de Thom et Ed menée par Dave Fanning faite en juin 2008 à Dublin (et en fait déjà diffusée à la radio):
http://www.skyarts.co.uk/video/video-radiohead-dave-fanning-interview/
Pas de révélation fracassante, beaucoup de réponses de Thom sont ironiques. Voici en résumé les principales informations entendues:
A propos de la sortie d’IR: justifications habituelles et Thom insiste sur son admiration, depuis la fac, pour une culture vraiment populaire et non élitiste, pour que les gens se fassent leur propre opinion et ne l’héritent pas des médias, du système, de l’industrie. Ed parle de respecter l’esprit de la musique en restant excité à la faire partager, sans intermédiaire. Ils ont jubilé quand ils ont appris qu’à la sortie physique de l’album, ils étaient dans le haut des charts américains et anglais.
Thom revient sur la rationalisation à l’extrême du marketing des maisons de disques qui l’a mis vraiment mal à l’aise au moment d’OKC: EMI avait fait un rapport (“market target survey”) pour savoir quelles seraient les cibles du prochain album de RH.
En ce qui concerne le cliché des chansons de Rh toujours présentées comme sinistres alors qu’ils ressentaient IR comme un album joyeux, ils voulaient que les gens fassent confiance à leurs émotions immédiates en l’écoutant. Pour Ed (qui cite House of Cards, c’est visiblement sa chanson préférée), Thom a fait avec ce disque une sorte de “coming out” émotionnel et pour lui c’est l’essence d’une chanson, communiquer des émotions.
Thom souligne le fait que l’ensemble du processus de réalisation d’un disque les excite y compris son mode de lancement: on ne veut pas être des gens très créatifs mais enfermés dans une boîte qui encaissent leur chèque de la maison de disque et merci bien, faites ce que vous voulez avec ça. Si on n’était pas aussi stimulé par tout le processus, ça n’aurait aucun intérêt de continuer.
Sur le thème de la difficulté de faire des albums et en particulier de gérer le changement radical entre chaque album, ils sont à l’unisson pour dire combien à chaque fois ils perdent absolument toute confiance en eux, combien c’est une torture et un processus tout à fait destructif: on est d’accord qu’il faut que ce soit un peu difficile pour arriver à quelque chose de bien, mais quand c’est terrible pendant deux ans et demi, on aimerait mieux y prendre plus de plaisir. Et Thom ajoute: “l’âge est un problème” alors que pour Ed c’est le rapport avec la famille, les enfants surtout qui est le plus difficile à gérer.
Dave Fanning interroge Ed sur la crise éprouvée lors de Kid A à cause des changements radicaux d’orientation après OKC (Thom proteste: il ne trouve pas que le changement soit si inattendu et radical que cela). Ed explique que ça l’a obligé à se poser la question de sa place bien sûr mais que le changement étant légitime à ce moment-là , il avait fallu simplement se repositionner comme partenaire, pas seulement comme guitariste. Il rapporte la 1ère audition de EIIRP (composée par Thom et Nigel seuls dit-il) comme formidable et tout le travail fait dessus finissant par revenir au thème initial, dépouillé (et c’est ce qui est arrivé avec Videotape aussi ajoute Thom).
Dave F: “Vous êtes comment en studio?”
Thom: “Moi, épouvantable”
Ed: “Moi je ne suis pas facile à vivre non plus”
Thom: “Si nos familles avaient le choix, elles préfèreraient qu’on ne travaille jamais ensemble!”
Dave F les interroge sur leur situation un peu à part des mouvements musicaux anglais des années 90:
Thom: “Dans un sens on travaillait dans le vide total mais The Bends était notre réponse à la Britpop, OKC était un écho de notre tournée avec REM, KA et A répondaient plutôt à mes préoccupations intimes concernant l’abandon des guitares et HTTT…on se sentait complètement isolés oui.”
Sur HTTT encore, Thom révèle que son morceau préféré est The Gloaming, qu’il faudrait faire durer 10 mn…
Dave Fanning: est-ce que vous ne détestez pas être le frontman en fait?
Thom (qui répond très ironiquement): Moi? A non, j’adore ça, j’adore attirer l’attention!
Dave F: alors vous êtes une rock star?
Thom (s’en tire avec une pirouette): j’ai départagé ma fille et mon fils qui débattaient de savoir si j’étais une pop star ou une rock star…(rires)
Dave F: et alors?
Thom: eh bien Noah a dit que si j’étais une pop star, il faudrait que je fasse des trucs bizarres et papa ne fait pas ça, donc on en a conclu que j’étais une rock star. Il est bien ce petit!
Interrogé sur ses engagements politiques personnels, Thom exprime son malaise par rapport à ça: “je ne sais pas pourquoi Friends of the Earth ont pensé à moi pour leur campagne , c’était vraiment stressant, je suis la personne la moins appropriée pour faire la rock star engagée, mais en même temps c’était fascinant de connaître ce milieu du lobbying.”
Sur l’implication des autres dans ce type d’engagement, il réaffirme qu’il a toujours été clair que c’était sa position personnelle qui n’engageait personne d’autre dans le groupe. Ed explique qu’il est sur la même ligne que Thom sur beaucoup de choses mais qu’ils ont des discussions intéressantes avec Colin. Cependant, quand ils ont discuté de savoir s’ils allaient repartir en tournée, alors que Thom était réticent, ils ont fini par se mettre d’accord sur une ligne commune.
Dave F: bon, et alors, what’s next?
Thom: quand on aura le temps on va se remettre à travailler sur un morceau dance très seventies qu’on a sous le coude…
Dave F a l’air interloqué…Réapparition du serpent de mer du disque disco…
No Comment