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“Radiohead? On n’a même pas évoqué le fait de se retrouver!”

Il a beau être poli et Anglais (vice-versa et réciproquement), va pas falloir le chercher trop longtemps le Nigel en lui demandant tout le temps des nouvelles de Radiohead !
 
Dans une interview publiée dans le numéro de février de Rock&Folk (non, non, c’est bien ça, ne vous fiez pas à l’incroyable exclu 1992 en couv : « la véritable histoire de Tostaky), Nigel Godrich ne fait pas que livrer ses souvenirs d’audiophile.
 
Bon, le journaliste qui l’interroge n’est pas très finaud : « Quand vous êtes-vous mis à jouer pour la première fois ? Vous étiez en studio et des instruments traînaient ? Â»
 
Réponse de Nigel, très poli : « je joue de la batterie et de la guitare depuis que j’ai dix ans. Du violon depuis que j’en ai cinq. J’ai tourné comme claviériste avec Beck. Â»
 
Deuxième vent quand l’inspiré Basile Farkas essaie de lui faire dire que p…de bois, « Regeneration Â» de the Divine Comedy, c’est vachement bien…
 
Réponse de Nigel, très très poli mais un peu étonné : « euh ! on peut aussi dire que c’était un désastre… Â» (Neil Hannon est d’accord là-dessus…ainsi que la plupart des fans de tDC)
 
A part ça, il dit des choses très instructives sur la « Godrich Â» touch sur laquelle on a bien polémiqué sur le site il y a peu et il a le sentiment que la fracture musicale, comme d’autres, s’accentue gravement : « on vit une drôle de période. Je crois que la musique va devenir comme la répartition des fortunes dans le monde, où les plus riches le seront encore plus et les pauvres s’appauvriront davantage. Dans la musique, les gens qui font de la musique pour passer à la radio iront dans une direction plus extrême, et ceux qui se fichent de la radio seront également de plus en plus radicaux, barrés. Ce que nous avons essayé de faire avec Ultraista : trouver la fenêtre pour faire de la belle musique avec des outils très clinquants, modernes. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est notre intention. Â»
 
Pour en rester à Radiohead, le bienheureux Basile lui demande si le groupe est confronté à la même situation, à savoir résister à la musique virtuelle, enregistrer des vrais musiciens et pas seulement la voix et tout le reste sorti de boîtes : Godrich explique que pour TKOL, le renouvellement est venu de la méthode, en mettant tout le monde dans la même pièce, mais avec un instrument inhabituel, et électronique, dans les mains.
 
« C’est de la musique électronique, mais jouée de façon organique. Pour Thom, ça va, il est aussi DJ. Jonny aussi maîtrise tout ce qu’il touche. Mais ça a été plus dur pour les autres (…). Le truc compliqué avec Radiohead est que même si le groupe a une super chanson entre les mains, il ne l’enregistrera plus avec deux guitares, une basse et une batterie. La chanson en elle-même pourrait être jouée seule à la guitare par un type devant son feu de camp, mais l’intérêt n’est plus là. Le dilemme est de continuer à faire un truc frais, pertinent, nouveau, dans un contexte de technologie qui évolue. On ne sait pas quelle sera la suite, ça peut être électronique, mais il serait tout aussi radical d’enregistrer un truc entièrement acoustique, pas nécessairement avec des guitares (sourire). Â»
 
Basile insiste : mais sur Kid A c’était innovant et pop à la fois !
 
Nigel : « C’est compliqué parce que Thom est très musical. Il écrit des chansons folk magnifiques en permanence, il a ça en lui. Mais il se fait violence pour ne pas les sortir, il va contre sa nature parce qu’il ne veut pas faire ça, il veut faire de la dance music. Moi je vois ça avec le recul, je vois que c’est dur, mais au fond, c’est le truc le plus intéressant pour eux. Â»
 
Le Basile alors n’y tient plus : « Que vous continuiez à travailler avec eux ou pas, comment évolueront-ils ?
Nigel : Il faudra attendre pour savoir…Beaucoup de chansons existent. Ce qui est amusant, c’est que les deux premières chansons que nous avons enregistrées pour  OKC sont « Nude Â» et « Lift Â». « Nude Â» est sortie 10 ans plus tard sur « In Rainbows Â», et « Lift Â» ne sera probablement jamais achevée. Pour l’instant, tout le monde prend des vacances, on n’a même pas évoqué le fait de se retrouver après. Â»
 
Pour qui alimenterait encore des espoirs, c’est dit : 2013 ne sera pas une année Radiohead. Mais vous pouvez rêver là-dessus : Thom et Jonny enregistrant un disque tous les deux après avoir largué les autres papys…ou encore, en 2033, quand on nous aura coupé l’électricité, on pourra enfin écouter une savoureuse nouveauté : Thom jouant des chansons inédites au ukulélé devant un bon vieux feu de camp ! L’espoir renaît !

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