Rolling Stone 2: Où Thom Yorke reconnaît que la sortie de TKOL, ça faisait un peu improvisé!
2e partie de l’article paru dans l’édition américaine de Rolling Stone : et on comprend qu’il y en a au moins un qui regrette qu’ils ne se soient pas plus foulés pour faire la promo de TKOL (on avait bien vu qu’il n’y avait que lui qui s’y mettait d’ailleurs !)
Radiohead sont dans la course depuis 20 ans. Cette année marque le 20e anniversaire de leur premier EP, Drill, et la première sortie de « Creep ». Depuis lors, ils ont connu la plus étrange des évolutions de tous les groupes de rock. Leurs albums, dont 2 furent numéro 1 aux E-U, Kid A et In Rainbows en 2007, sont insaisissables et discordants : mélanges et collisions de rythmes violents à la guitare, électro de dancefllor crypté et des ballades elliptiques et acérées. Le dernier album « conventionnel » de RH, d’après leur producteur de longue date, NG, était le classique de l’art-rock OKC :
« C’était essentiellement un disque de guitares se mêlant à d’autres dimensions » dit Godrich. RH ont commencé tous leurs albums suivants de la même façon : « on commence avec ce qu’on ne veut pas faire après »
dit EOB.
Ces dernières années, ils ont aussi fait d’importantes réalisations en dehors du groupe : le premier effort solo de PH, Familial, est sorti en 2010. Yorke a presque fini son album avec son groupe AFP. Jonny, compositeur prolifique pour musique de films et orchestres, vient sortir un album avec le compositeur polonais K. Penderecki. Devenus indépendants depuis la fin de leur contrat avec EMI en 2003, RH a exploré également des voies alternatives pour publier leur musique. IR a d’abord été disponibles sous forme d’un téléchargement pour lequel on pouvait payer ce qu’on voulait. Le magnifique morceau de 2009, TAMTW, était gratuit.
TKOL est arrivé comme une surprise soudaine : un téléchargement après une annonce la semaine précédente, et aucune publicité du groupe. Un CD suivit le mois suivant. Mais l’attaque surprise, combinée avec cette sobriété un peu contrainte, fit long feu : « il y avait clairement des gens qui s’intéressaient à la musique de RH qui n’étaient même pas au courant que RH avait sorti un nouvel album » reconnaît Bryce Edge, l’un des managers du groupe. A l’heure qu’il est, TKOL s’est vendu à 307 000 exemplaires aux Etats-Unis, c’est le 1er album de RH à ne pas être disque d’or. Mais ce total, souligne Edge, n’inclut pas toutes les ventes numériques estimées à 300 ou 400 000 exemplaires achetées directement sur le site de RH. « La plupart des ventes se sont faites directement aux fans » ajoute Chris Hufford, co-manager.
« Financièrement, c’est probablement l’album qui a le plus rapporté, ou presque. Dans un contrat traditionnel, la maison de disques s’octroie la moitié des ventes. »
RH n’a joué que 3 concerts en 2011, après avoir recruté CD pour les aider à recréer l’enchevêtrement de rythmes et de loops de TKOL : un concert surprise au festival de Glastonbury et 2 concerts devant un public restreint au Roseland Ballroom de New York. Donc maintenant le groupe se lance tout à fait : son long itinéraire aux E-U comprend des dates dans des festivals, 2 fois à Coachella et 1 à Bonnaroo. EOB dit que le groupe
« a déjà discuté de la manière dont les concerts devaient évoluer, peut-être en les découpant en 3 sections, 3 mouvements si vous préférez. » Colin lui est excité à l’idée de réserver du temps en studio pendant la tournée : « peut-être qu’on fera des aller et retours pour enregistrer pendant un week-end quelque part et retourner jouer. »
Le groupe entreprend sa tournée en 3 manches entrecoupées de pauses assez longues, essentiellement pour des raisons familiales. Tous les membres du groupe résident à Oxford sauf EOB qui habite à Londres et tous sont mariés, sauf Yorke qui vit avec sa partenaire, Rachel Owen, depuis l’époque où ils étaient étudiants à Exeter. Tous les 5 sont des pères attentionnés. C, J et PS ont chacun 3 enfants, Y et OB 2 : « mes enfants changent d’école en septembre, explique Selway (44 ans). Je veux être là à ce moment. » Dans les interviews, conduites pour cet article à Oxford, Londres, New York et finalement Miami, on ressent fortement que le groupe est anxieux d’être resté trop longtemps près de chez eux :
« la 1re nuit au Roseland Ballroom, dit EOB, a été une grande leçon. Le soundcheck était un cauchemar, les moniteurs étaient pourris, on ne s’entendait pas. On ne se sentait pas assez préparés. Mais vous savez quoi ? C’était très bien en fait. Notre management n’arrêtait pas de nous dire : super concert ! »
« C’était un putain de trip, la meilleure décharge d’adrénaline que j’ai eue ces dernières années. »
renchérit Yorke. Ce n’était pas comme de marcher sur nos pas, piétiner nos propres tombes. On errait encore dans l’obscurité en trébuchant. Et c’était bien. » « On s’est senti redevenir un groupe de rock » dit Colin après réflexion, à Miami. C’était bien d’être un groupe de bureau, du genre : on se lève avec les enfants, on les emmène à l’école, on travaille, on rentre. Mais je vois mes amis à Oxford qui ont des boulots durs qui ne leur plaisent pas, et ça me frustre pour eux. On a un boulot qui est en même temps une passion. Roseland nous a rappelés comme ça pouvait être extra. »
RH parlent de TKOL comme d’un album inachevé, un album qui a un futur, un public à trouver. « On ne tourne pas cette année spécialement pour promouvoir l’album » dit Selway, mais on espère que les gens vont faire la connexion grâce au live. » « C’était super de sortir l’album juste comme ça » dit Yorke, mais après c’était comme s’il n’existait pas vraiment. » Il mentionne une discussion qu’il a eue quelques mois après la sortie avec Phil Costello, un ami et ancien employé de leur ancienne maison de disques, Capitol. :
« il me disait : c’est fini, fini. Vraiment ? Merde. Mais c’était la conséquence de notre choix, concède Y. On ne peut pas s’en vouloir à propos de ça et dire « ça n’est pas assez »
.
A suivre…
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